Fausser avec du vrai : l'art du masque dans les éloges royaux, d'après l'exemple de Libanios
 
 

Abstract


 
 

    Royal Oration (basilikos logos) was a widespread category of ancient rhetoric, of which Libanius delivered five pieces (Praise of Constantius and Constans, Praises of Julian). Praising was an absolute necessity, but Emperors'deeds were not always honourable. So, orators had to manage the difficulty. They seldom used pure lies, but they prefered to omit the facts. Sometimes, as it may be seen in Libanius's orations, they might use a third way between truth and lie : the mask. This could be done by blurring, creating a diversion, converting passivity in secret strategy, shifting responsabilities, shifting the point of view from facts to their causes, to their consequences, to their modalities. Most of these process are in connection with Hermogenes's staseis theory.
 



 
 

     L'éloge de souverains (basilikos logos) est un genre largement reconnu et pratiqué par la rhétorique ancienne. Il a particulièrement fleuri à l'époque impériale : avènements, libéralités, victoires, commémorations, vota, passage du basileus dans les villes de province, les occasions ne manquaient pas de témoigner par un discours son attachement à l'Empereur. On devine qu'il y eut profusion de ces oeuvres, même s'il ne nous en est parvenu qu'une infime partie. Les exemples dont cependant nous disposons[1] , et la simple logique -sans parler des conseils théoriques d'un Ménandre[2] - permettent d'en définir le principe : il fallait louer la personne et les actes du prince, la première comme un bouquet de vertus, les seconds comme des miracles de courage, de bienfaisance et de sagacité.

     Libanios a composé cinq oeuvres qui relèvent de ce genre. En 348, à Nicomédie, il a prononcé un panégyrique des deux frères Constance et Constant, fils et successeurs de Constantin (discours 59)[3]. Quatorze ans plus tard, il accueillit Julien à Antioche en juillet 362 par une Apostrophe à Julien (Prosphonètikos, discours 13), suivie, en janvier 363, du discours 12, Pour le consulat de Julien. Après la mort de l'Empereur, il dédia encore à celui-ci une brève Monodie (discours 17, de 363-364) et un ample Éloge funèbre (Épitaphios, discours 18, rédigé vraisemblablement en 365)[4]. Notons que si le discours 59 est un pur basilikos logos, les autres appartiennent simultanément à d'autres catégories : le Prosphonétikos est un épibatérios[5], discours de bienvenue qu'on doit prononcer pour saluer l'arrivée de tout haut personnage, en général les gouverneurs nouvellement nommés ; le discours 12 est un discours consulaire et, à ce titre, comporte un éloge de la fonction de consul ; une monodie est toute entière plaintive et un éloge funèbre comporte ses propres caractéristiques. Il y a d'autre part une nette différence entre Julien, objet de toute la sympathie du sophiste et dont la carrière extraordinaire fut surtout remplie d'exploits (sauf à la fin), et ses deux cousins dont le règne ne contenait pas grand-chose de glorieux et bien des zones d'ombre[6]. Mais les cinq discours ont ceci de commun qu'ils se consacrent principalement à l'éloge et sont de pur apparat, à la différence des oeuvres qui s'adressent au souverain pour lui demander quelque chose ou attirer son attention sur quelque dysfonctionnement[7].

     Tous les empereurs n'étant pas des Sages (des saints, à partir de Constantin), tous les règnes n'étant pas, ou du moins pas toujours, grandioses, aucun orateur ne pouvait éviter de se demander dans quelle mesure il aurait recours à ces trois expédients : mentir, omettre, masquer.

     L'éloge royal étant prononcé du vivant du Prince, ou peu après sa mort, l'invention pure et simple, le mensonge flagrant ne pouvaient guère s'étaler sans choquer des auditeurs parfaitement au courant des faits ; ce n'est qu'au moyen âge qu'on pourra par exemple prêter à Constantin une expédition au fin fond de la Perse, sa capture et son évasion[8]. Libanios, en tout cas, a toujours protesté de son refus d'« ajouter quoi que ce soit à la mythologie »[9], lui qui reçut de Julien le brevet de « plus véridique des orateurs »[10]. D'ailleurs, toute rigueur morale mise à part, où seraient le talent de l'artiste et la puissance de la rhétorique si l'on avait le droit de dire n'importe quoi ?

     L'omission, en revanche, est un procédé presque systématique chaque fois que les faits nuisent au propos. Libanios a lui-même expliqué que, par exemple, il ne louerait jamais la beauté de quelqu'un qui en est dépourvu et qu'il se contenterait dans ce cas de s'abstenir de traiter le sujet[11]. Mais le silence n'est pas seulement un moyen de cacher ce qui est désavantageux, il peut aussi être imposé, en particulier par les mesures de damnatio memoriae, fréquentes au cours de l'histoire impériale[12]. Il peut encore signifier une véritable désapprobation, soit qu'on n'ait pas la liberté de blâmer - ce qui est le cas d'un simple sujet face à l'Empereur -, soit qu'on penche pour une sorte de castigat tacendo mores, tel Constance, selon Libanios, quand il constate une mauvaise conduite dans son entourage[13]. C'est surtout une nécessité imposée et par la brièveté du temps dont dispose l'orateur, et par les règles du genre épidictique : « Il appartient à l'historien de suivre le détail de toutes les opérations, à l'auteur d'éloges de n'oublier aucune espèce de louange, sans pour autant passer en revue tous les événements un par un. »[14]. Ajoutons, enfin, que l'erreur et l'ignorance ne sont pas à exclure çà et là. C'est pourquoi un relevé des omissions commises par le sophiste dans ses éloges royaux n'outrepasserait pas seulement, et de manière fastidieuse, le cadre d'un article : il serait vain et incertain.

     Reste le procédé du masque, qui a l'avantage de sauvegarder, fût-ce partiellement, la vérité, tout en dissimulant, au moins en partie, ce qu'il y a de gênant dans la vérité. Il est plus satisfaisant pour l'amour-propre de l'orateur (et peut-être pour le public qui espère assister à un tour de force) puisqu'il présente une difficulté que seul l'art est capable de résoudre. C'est un travail d'avocat, bref éminemment rhétorique. D'une manière générale, il s'agit de trouver, aux alentours des faits qui pourraient ternir sa gloire (ce qu'on peut appeler le masqué), des vérités indubitables - au moins des vraisemblances convaincantes - qui soient tout à l'honneur du Prince et de son action (le masque) : elles envelopperont ou remplaceront le masqué, de manière que celui-ci passe inaperçu, du moins pâlisse auprès de leur éclat. Les discours de Libanios permettent de déterminer quatre principaux types de masques : par l'effacement du masqué, par la diversion, par le plan - le plus souvent secret - justifiant le masqué, par le déplacement de l'attention (vers la cause, la responsabilité, la conséquence, la manière).
 
 

L'effacement


 
 

     On est ici au plus près du mensonge caractérisé. Après la mort de Constantin, et avant que ses fils se soient assuré la mainmise sur l'Empire, il y eut vraisemblablement une véritable guerre dynastique qui se solda par le massacre d'une bonne partie de la famille impériale et de quelques grands personnages (en particulier un consul, un préfet du prétoire), sans compter le menu peuple des épouses, enfants, serviteurs et partisans[15]. Libanios en rend compte en déclarant que les Constantinides surent surmonter « le trouble qui se produisit »[16]. On est donc en droit de parler d'effacement de l'événement, par le biais d'une formule extrêmement vague et condensée qui en minore considérablement l'importance - sans le faire totalement disparaître. Le même procédé est employé un peu plus loin pour éviter de (trop) parler des émeutes de 342 qui ensanglantèrent Constantinople en réaction contre l'autoritarisme religieux de Constance : « certaine agitation point médiocre s'empara de la plus grande ville de notre partie de l'Empire »[17]. Ni la responsabilité de l'Empereur, ni le rôle de l'antagonisme entre ariens et nicéens, ni les effets (et Libanios lui-même faillit y périr) ne sont évoqués. On peut trouver encore que la seule formule « ajoutant de nouvelles choses aux anciennes »[18] est bien insuffisante pour décrire le vaste programme entrepris par Julien en matière religieuse, « véritable transformation du paganisme », institution d'une « théocratie », mesures « révolutionnaires », rédaction d'« encycliques ou lettres pastorales », organisation d'« une sorte d'Église afin d'établir et de propager le dogme nouveau », pour reprendre l'analyse de J. Bidez[19].

     A côté de ce rétrécissement par la concision, on peut placer ce qu'on pourrait appeler noyade dans l'abondance, mais abondance vague, remplie de lieux-communs, derrière lesquels il devient impossible de mettre des faits précis ; c'est jeter un manteau si ample qu'on ne sait plus où se trouve le corps[20]. Il en est ainsi, dans le discours de 348[21], de l'action de Constance et de Constant à l'époque où ils n'étaient que Césars de leur père. Il est clair qu'il n'ont rien fait de remarquable ; d'ailleurs leur jeunesse et le rôle purement iconique que leur avait imposé Constantin les en empêchait. Une longue phrase prétend décrire leurs mérites, mais ne fait en réalité qu'éviter à l'orateur à la fois le mensonge flagrant et l'aveu de vacuité, puisqu'elle se contente de répéter : les princes furent excellents, firent ce qu'il fallait faire et se montrèrent parfaitement fidèles au souverain[22]. On peut également considérer - mais il y a plus que cela - comme un travail d'effacement la phrase gigantesque (plus de 3 pages dans l'édition Förster) du paragraphe 122 dans le même discours, où sont énumérées avec guère plus de précision les innombrables vertus de Constance.

     Signalons enfin deux formes particulières d'effacement, l'une par la simple minoration : les réussites des Perses sous le règne de Constance sont présentées[23] comme des coups de main et des meurtres de soldats isolés, alors qu'il s'agit visiblement de véritables campagnes de guerre et de sièges de cités (Nisibe). L'autre cas est plus original, puisqu'il s'agit d'un effacement par l'extension d'une affirmation, vraie à un certain moment, à un moment où elle ne l'est plus. Il est dit de Constantin en effet qu'il « guerroya contre les barbares sans envier ses sujets » à Licinius[24], ce qui fut un temps exact : il combattit les Goths et les poursuivit, ce qui le mena... sur le territoire de son collègue.
 
 

La diversion


 
 

     César avait déjà usé de l'ekphrasis, c'est-à-dire du tableau pittoresque, en général descriptif, mais qui pouvait aussi être de nature narrative, à titre de diversion pour faire oublier un échec, en l'occurrence celui de son incursion au-delà du Rhin. L'émerveillement de l'auditeur face aux curiosités très étranges qu'on lui rapporte l'empêche de s'interroger sur les événements eux-mêmes. C'est vraisemblablement ainsi qu'il faut prendre la digression quasi ethnologique que Libanios a consacrée aux moeurs militaires des Francs[25], afin de masquer l'absence de réelle victoire de Constant sur ce peuple (et sans doute la concession de leur entrée sur le territoire de l'Empire) ; les détails - fort exacts - sur le régime des marées qui prévaut dans la Manche[26] permet de passer sous silence les intentions et les résultats de ce même Empereur quand il entreprit son voyage en Bretagne ; l'ekphrasis pleine de bruit et de fureur qui peint la bataille devant Ctésiphon[27] prend toute la place autour de l'énoncé de la vérité : Julien ne parvint pas à prendre cette capitale des Perses. Diversion encore que les notes érudites sur Alcée ou sur Éaque et Achille, au moment où il est question de la famille du même Julien[28]: pendant ce temps le sophiste ne parle ni de Constantin, ni de Constance. Il faut néanmoins avouer que l'effacement et la diversion ont quelque chose de fruste, ce sont des manières de fuite, et sans doute sont-ils employés faute de mieux. Les procédés que l'on va aborder maintenant présentent davantage de subtilité et sont plus dignes d'un sophiste.
 
 

La transformation du subi en voulu, ou le plan secret


 
 

     C'est le principe du « Mais justement, je l'ai fait exprès ! » : le Bon Roi n'est jamais pris au dépourvu, et l'on ne saurait le déclarer victime des circonstances ; car ce serait contraire à l'une des vertus majeures dont il convient de le créditer, la pronoïa, ou capacité de prévoir l'avenir à l'aide de l'intelligence rationnelle[29]. Ménandre l'assure, il faut décrire le souverain dans ce domaine comme « meilleur qu'un devin »[30]. Le masque va donc consister à énoncer l'événement fâcheux, tout en l'assortissant d'un raisonnement visant à prouver qu'il s'agissait d'un détour destiné à procurer un gain plus grand que la perte provisoirement subie. Si Julien, après son échec à Ctésiphon, brûle ses vaisseaux, c'est conformément à son plan initial[31]; Si les troupes romaines abandonnent les postes qu'elles occupaient, quand elles voient les Perses franchir le Tigre pour l'expédition qui aboutira à la bataille de Singara, si elles les laissent opérer en toute quiétude à leur invasion, si elles leur permettent de s'emparer des meilleures positions et des points d'eau - si précieux en ces régions désertiques -, c'est sur ordre de Constance qui voulait appâter un ennemi toujours prêt à fuir à la moindre alarme, afin d'obtenir enfin l'occasion d'une véritable bataille rangée[32]. Plus grand le paradoxe, plus ingénieuse la stratégie !

     Pendant plusieurs années, cet empereur est resté bloqué à Antioche, se contentant d'incursions limitées en Perse à chaque retour de la belle saison, honteuse timidité, dira plus tard le même Libanios[33], qui laissait, toute l'initiative à l'ennemi. Le discours 59 ne nie pas les faits : il les met au contraire en valeur, expliquant que c'était là un choix préalable et parfaitement pesé : Constance « n'a voulu ni garder continuellement la frontière, ni rester définitivement à l'arrière [...]. Car, s'il trouvait peu digne de lui d'être entièrement occupé à contrôler sur place la situation, il jugeait que c'était paresse que d'abandonner complètement. »[34]. Il est probable que la manière dont est rapportée la conduite de Julien face à la place-forte de Tilutha dans la vallée de l'Euphrate soit à compter au même registre : selon le sophiste, l'Empereur jugea qu'il aurait fait un cadeau à l'ennemi en y mettant le siège, et il terrorisa les défenseurs en annonçant qu'il reviendrait[35]. Raisins trop verts, ou abandon après une tentative infructueuse ? Assurément, le plus secret des plans est celui de la divinité : le caractère avorté de la grande guerre entamée par Constantin contre les Perses (car l'Empereur mourut au cours des préparatifs) n'attire plus l'attention quand cette mort entre dans un plan divin destiné à fournir au successeur - Constance - le moyen de s'illustrer[36]. Mais déjà nous sommes dans le domaine du déplacement des responsabilités.
 
 

Le déplacement : déplacement des responsabilités


 




     Il s'agit ici de reconnaître l'existence de certains épisodes peu glorieux (ce qui donne à l'orateur l'éthos de la sincérité) tout en coupant le lien entre les faits et le souverain. Le procédé est particulièrement adapté au domaine militaire : le chef est responsable des victoires, ses troupes des défaites. Pour cela, il suffit de s'appuyer sur les lieux-communs traditionnellement attachés aux soldats : courageux, certes, mais irréfléchis, désobéissants, cruels et avides, traits qui les apparentent aux barbares auxquels ils sont opposés, ces êtres à mi-chemin entre l'humanité et la bestialité[37]. Avidité et irréflexion devant Ctésiphon, où le temps perdu à dépouiller les cadavres des ennemis empêche Julien de s'emparer de la ville[38]; à Singara, où le pillage du retranchement perse aboutit à un combat nocturne désavantageux qui prive Constance d'une victoire complète[39]. Désobéissance et irréflexion à Singara encore, quand, contrairement à l'Empereur, ils ne voient pas qu'ils sont en train de tomber dans un piège[40]. Cruauté et désobéissance à Maïozamalcha, où, malgré les ordres de Julien, les troupes de l'empereur « philanthrope » massacrent toute la population de manière fort peu « philanthropique »[41].

     La condamnation injuste d'Ursulus lors des procès de Chalcédoine qui furent organisés après la mort de Constance, et qui contredit la volonté de pardon, le souci de ne pas faire couler le sang dont est crédité Julien, est toute rapportée à « la colère de l'armée »[42]. Quant à la proclamation de Julien au rang d'Auguste, qui eut lieu en février 360 à Lutèce, il n'est pas raisonnable de penser que le César ne l'ait pas souhaitée, sinon organisée. Mais, chez Libanios, ce sont à nouveau les soldats qui en sont présentés comme les seuls responsables[43]. Notons encore que le sophiste - mais ici, c'est davantage par animosité personnelle que par souci d'éloge - s'efforce de minorer le rôle joué par le philosophe et thaumaturge Maxime dans la « conversion » de Julien au paganisme : il en déplace la responsabilité majeure vers l'éducation reçue et le goût pour les lettres « helléniques »[44].
 
 

Le déplacement : éloge des causes ou des intentions


 
 

     Berné par Sapor II, ou croyant acheter ainsi la fin des persécutions contre les chrétiens de Perse[45], Constantin commit la faute de livrer du fer à ses voisins orientaux, qui en manquaient et qui l'utilisèrent pour équiper leurs armées afin d'attaquer l'Empire, prélude à l'interminable guerre qui occupa tout le règne de Constance. Libanios s'empresse de masquer la nocivité de cette malencontreuse décision en brodant sur la clairvoyance de l'Empereur et sur ses intentions généreuses : il avait parfaitement compris à quoi servirait ce fer, mais il voulait ainsi donner à son fils l'occasion de s'illustrer en vainquant un ennemi particulièrement redoutable (« l'éclat des vaincus contribue à la gloire des vainqueurs »[46]).

     Si, dans ce cas précis, le fait lui-même n'est pas tu, il est plus fréquent, avec ce type de masque, qu'il disparaisse complètement et ne puisse plus se lire que par recoupement avec d'autres sources : il s'agit donc bien d'un déplacement de l'attention de l'auditeur, qui regarde à côté du détail gênant. On le voit en particulier dans le passage du discours 18[47] qui se réfère à la fameuse loi de Julien interdisant aux chrétiens d'enseigner la littérature traditionnelle, au prétexte que celle-ci est remplie d'une mythologie à laquelle ils ne croient pas. La plupart des commentateurs[48] en ont fait grief à Libanios, taxé de parti-pris et de manque de clairvoyance, alors qu'un Ammien Marcellin, pourtant lui aussi tenant de la vieille religion, avait condamné cette mesure. En réalité, le texte du sophiste ne parle pas exactement de la loi, mais loue l'intention de restaurer communément les temples et les lettres, véritables « soeurs ». Si nous ne connaissions pas par ailleurs l'existence de cet édit, nous n'aurions sans doute pas pu la deviner derrière cette louange. On peut poser la question : approuve-t-on pleinement quand on masque ?

     D'autres dissimulations par l'éloge des causes peuvent être décelées : le caractère autocratique du gouvernement de Julien quand Libanios explique que l'Empereur bénéficie de conseils divins, et que cela lui permet de se passer de l'avis de ses conseillers[49]; les lois punissant férocement l'usage de la mantique quand il attribue à Constance et à Constant un stoïcisme héroïque qui les détourne de recourir à la divination[50]. Stoïcisme, encore, du fatalisme prêté à Constant qui estimerait qu'il est inutile de s'inquiéter des dangers que l'on court, puisque le jour où l'on devra mourir ne dépend pas de nous, mais de la divinité : ainsi disparaît la témérité gratuite de son voyage en Bretagne en plein hiver[51].
 
 

Le déplacement : éloge des suites


 
 

     L'orateur ne dit que pure vérité, mais vérité postérieure. On peut mettre l'accent sur les conséquences heureuses d'un acte critiquable. C'est ainsi que l'abandon de la frontière orientale par Constance, parti en 337 pour enterrer son père, est présenté comme une audace bien calculée, parce que les Perses n'en ont pas profité pour attaquer[52]. La paix avec les Goths, et leur enrôlement comme auxiliaires dans la campagne contre la Perse sont mis au pinacle[53], sans qu'il soit précisé comment ces avantages furent obtenus - vraisemblablement au moyen de concessions et du paiement d'un tribut : voilà le masqué. La même chose peut être devinée à propos de la pacification des Francs par Constant, et il n'est pas interdit de penser que si le sophiste fait honneur à l'Empereur de la prudence des autres nations barbares du nord-ouest, c'est une façon de déguiser le fait que s'ils n'attaquent pas, c'est parce que la frontière est désormais défendue par les Francs, que l'on a laissés entrer dans le territoire romain[54]. Ailleurs, les Perses sont peints battant retraite[55]: on y voit une victoire si l'on oublie que, pour faire retraite, il fallait qu'ils aient d'abord attaqué Nisibe, et Constance n'était pour rien dans leur renoncement aux opérations de siège.

     Dans d'autres cas, l'Empereur est glorifié pour avoir réparé (masque) une situation qui pourrait être comptée à son détriment (masqué) : ce qu'il y avait d'injuste dans l'exécution d'Ursulus, dont nous avons déjà parlé, est réparé par la générosité de Julien à l'égard de la famille du supplicié[56]. L'éloge appuyé du courage avec lequel Constance réagit à la nouvelle des émeutes de 342, de son efficacité dans la répression, de son humanité dans la distribution des châtiments[57] masque le manque d'enthousiasme de ses sujets à son égard (causes de la révolte) et le fait que son autorité fut alors bafouée (déroulement des émeutes). De même, Julien ne suscita-t-il pas toujours l'ardeur parmi ses troupes, et ne les traita-t-il pas toujours avec la « philanthropie » idéale : le long de l'Euphrate, il arriva un jour que l'avant-garde se fît battre et que l'armée se plaignît de la modicité des butins, mais le discours 18 n'a conservé de l'anecdote que la rigueur morale du chef et le courage qu'il montra en affrontant ses hommes[58].
 
 

Le déplacement : éloge de la manière


 




     Quand il n'y a rien qui puisse servir ni en amont ni en aval, il reste la possibilité du décalage latéral, c'est-à-dire faire appel à la manière dont l'événement se déroula, éventuellement en déportant le jugement sur le plan moral, puisque la réussite n'est pas un critère déterminant en matière de morale. Dans le domaine militaire, cela permet de masquer la défaite derrière le comportement honorable de ceux qui la subissent, ce qu'une formule du discours 59, copiée chez Isocrate[59], condense à la perfection : « ceux qui tombèrent furent vainqueurs en leur âme quand ils sacrifièrent leur corps ». Et tout le passage insiste sur le courage des soldats et sur leurs réussites partielles au cours de cette bataille de Singara qui aboutit au massacre d'une grande partie de l'armée romaine. La retraite de Julien le long du Tigre est présentée de la même manière : ce devient une marche triomphale, on bouscule les Perses qui tentent de barrer le passage et l'on pille irrésistiblement la contrée[60]. L'éloge de la manière et des circonstances (soumission et émerveillement des barbares, villes prises sans combat, ralliement général)[61] sert ailleurs à masquer le fait que la campagne menée le long du Danube en 361 n'était, après tout, qu'une agression, celle d'un usurpateur contre Constance, l'Empereur en titre.

     Le procédé touche à l'argutie sophistique dans les récits des événements de février 360 à Lutèce[62]: Julien a été proclamé Auguste, mais il a, dans un premier temps, refusé cette usurpation ; on voulait le coiffer d'un diadème, mais il l'a rejeté, et il fut couronné d'un torque de soldat et non d'un véritable diadème. Le comble est atteint dans une phrase qui déclare que le nouvel empereur donna des instructions pour protéger ceux qui s'étaient opposés à son élévation (il y en avait donc), « au lieu de flatter [les soldats] par de larges gratifications »[63] : on a l'impression que, seul de toute la lignée des Empereurs romains, Julien ne versa pas aux troupes qui l'avaient acclamé le donativum de rigueur. En réalité, il leur donna cette récompense, mais l'avouer crûment aurait contredit la thèse selon laquelle il ne désirait nullement le pouvoir. Libanios joue donc sur les mots et la préposition « au lieu de » (anti) a une portée partielle : l'Empereur offrit un donativum, mais non un large (megalois) donativum de démagogue. Autre jeu sur les dénominations à propos d'un jugement rendu à Antioche en faveur d'Apamée et au détriment de Laodicée, dont nous ignorons la portée, mais où il est évident que la bienveillance envers la première de ces villes fut motivée par son attachement à la vieille religion[64], et vraisemblable que l'autre fut méprisée en raison de son christianisme. Mais Libanios déclare que Julien, après avoir considéré la beauté du site et des monuments de Laodicée, préféra juger sur la morale (« en comparant les hommes ») plutôt que sur l'esthétique[65].

     Ceci nous conduit à l'utilisation du jugement moral : il est des cas où il vaut mieux être victime que vainqueur, ainsi les Romains qui se fient à la parole donnée dans les traités, face aux Perses qui en profitent pour lancer des attaques de parjures[66]. De plus, ce qui est dommageable d'un point de vue sans recul possède peut-être une justification glorieuse quand on y jette la vraie lumière. La désobéissance et la mort des soldats de Singara ne sont rien à côté de la preuve apportée au crédit de Constance, dont elles révèlent la clairvoyance et la supériorité : « l'Empereur remporta une victoire, non au sens habituel et comme il y en a eu beaucoup de nos jours et précédemment, non une victoire par la force et par les instruments de guerre, pour laquelle il faut se mettre à plusieurs, sans quoi on ne pourrait la remporter, mais une victoire qu'il est permis de dire purement personnelle de celui qui l'a remportée. De quoi s'agit-il? Il fut le seul à deviner l'intention derrière les actes, le seul à qui l'ordre de bataille n'échappa point, le seul à crier l'ordre de ne pas se lancer dans la poursuite, de ne pas se précipiter dans un piège manifeste. »[67] De même, le conflit dynastique de 337 n'est pas l'indice d'un manque de légitimité des Constantinides ou de leur avidité à conquérir un pouvoir sans partage, mais une épreuve, voulue par quelque plan supérieur et destinée à montrer que les nouveaux empereurs méritaient leur trône : « si, après avoir reçu le legs de leur père, ils n'avaient rencontré aucune difficulté et qu'ils aient pu profiter en toute tranquillité des avantages de ce qu'il leur avait légué, on aurait reconnu la justice de leur autorité, mais la gloire que confère le courage ne se serait pas ajoutée au calcul de la justice. »[68]
 
 

Conclusion


 
 

     On a remarqué la diversité des masques plaqués sur les réalités qui pourraient ternir l'image du souverain. La tâche du bon encomiaste est de trouver celui qui convient le mieux à chaque cas, mais point sans doute de l'inventer ex nihilo. Le témoignage de Ménandre prouve que la réflexion sur ce sujet était fort élaborée, les stratégie répertoriées de longue date : il suffit, pour s'en convaincre, de lire, par exemple, les nombreux procédés parmi lesquels ce technographe donne le choix pour dissimuler l'humble origine d'un empereur : glisser de la ville natale à la nation, des vertus militaires aux gloires littéraires, proclamer la supériorité du descendant sur ses ascendants, suggérer qu'il est de naissance divine cachée, etc.[69] Les Anciens établissaient une nette distinction théorique entre les trois branches de la rhétorique : judiciaire, délibérative et d'apparat. Mais la formation était commune et il est clair qu'en pratique, les procédés étaient les mêmes. C'est pourquoi on peut lier certains des procédés que nous avons relevés à quelques uns des états de cause (staseis) judiciaires définis par Hermogène[70]. Ainsi le masque par déplacement de l'éloge vers les suites ressemble-t-il à l'état de cause pragmatique, qui consiste à mettre en valeur les conséquences heureuses d'un acte contestable, le jeu sur les dénominations à l'état de cause de la définition (horos). Le déplacement des responsabilités a pour pendant la « contre-accusation » (antegklèma) et le « report d'accusation » (metastasis) qui permettent à l'accusé d'incriminer la victime ou une tierce-personne ; il est vraisemblable que le déplacement de l'éloge vers les causes ou les circonstances est issu de l'excuse (syggnômè), tandis que l'antilepse, ou refus de prendre le fait en mauvaise part (l'accusé revendique son crime pour un exploit) est à la base du jugement sur le plan moral.

     Célébration et enluminure, le discours royal est aussi une plaidoirie.
 
 

Pierre-Louis Malosse

C.E.R.C.A.M., Montpellier


 






Sources secondes


 
 



Bidez 1930 = J. Bidez, Vie de l'Empereur Julien, Paris (1930, rééd. 1965).

Chuvin 1990 = P. Chuvin, Chronique des derniers païens, Paris (1990).

Kennedy 1983 = G.A. Kennedy, A History of Rhetoric, vol. 3 : Greek Rhetoric under Christians Emperors, Princeton (1983).

Lieu-Montserrat 1996 = S.N.C. Lieu - D. Montserrat, From Constantine to Julian, Pagan and Byzantine Views, a Source History, London-New York (1996).

Lucien-Brun 1973 = X. Lucien-Brun, « Constance et le massacre des princes », Bull. de l'Ass. G. Budé (1973) 4, pp. 585-602.

Malosse 1999 = P.-L. Malosse, « Qu'est donc allé faire Constant 1er en Bretagne pendant l'hiver 343 », Historia, 30 (1999 - à paraître).

Patillon 1997-1 = M. Patillon, « Le De Inventione du Pseudo-Hermogène », ANRW, II, 34, 3, pp. 2064-2171

Patillon 1997-2 = __________, Hermogène, l'Art rhétorique, Paris (1997).

Patillon 1988 = __________, La Théorie du discours chez Hermogène le rhéteur, Paris (1988).

Pernot 1993 = L. Pernot, La Rhétorique de l'éloge dans monde gréco-romain, Paris (1993).

Petit 1950 = P. Petit, « Libanius et la Vita Constantini », Historia 1 (1950), pp. 562-582.

Petit 1974 = ______, Histoire générale de l'Empire romain, Paris (1974, rééd. en 3 vol., 1978), vol. 3.

Schouler 1984 = B. Schouler, La tradition hellénique chez Libanios, Lille-Paris (1984)

Schouler 1990 = _________, « Personnes, faits et états de la cause dans le système d'Hermogénès », Lalies, Actes des sessions de linguistique et de littérature, 8 (1990), pp. 111-127.

Wiemer 1995 = H.-U. Wiemer, Libanios und Julian, Studien zum Verhältnis von Rhetorik und Politik im Vierten Jahrhundert n. Chr., München (1995).
 




Notes


 




[1] Citons, outre les oeuvres de Libanios, les deux éloges de Constance par Julien, celui de Constantin par Eusèbe de Césarée (auquel on peut ajouter la Vita Constantini qui a été attribuée au même auteur), ceux de Constance et de Julien par Himérios, ceux de Constance, Jovien, Valens et Théodose par Thémistios, celui d'un empereur du IIIe siècle, vraisemblablement Philippe l'Arabe, mis faussement sous le nom d'Ælius Aristide. Dans le domaine latin, les Panégyriques publiés par J. Galletier (CUF) comprennent celui de Trajan par Pline et ceux de Maximien, Constance Chlore, Constantin, Julien et Théodose par des rhéteurs gaulois du IVe siècle.

[2] D.A.. Russell - N.G. Wilson, Menander Rhetor, edited with translation and commentary by..., Oxford (1981), pp. 76-95.

[3] La date est conjecturée : voir notre thèse, Libanios, discours 59 : texte, traduction et commentaire, Montpellier (1998). Le présent article est partiellement issu de nos recherches sur ce discours, mais non de la thèse elle-même.

[4] La plus récente édition des discours dédiés à Julien est celle d'A.F. Norman, Libanius, Selected Works, with an English translation, Introduction and Notes - I, The Julianic Orations, Cambridge (Mass.)-London (Loeb Class. Lib., 1969). Pour le discours 59, il faut, pour le moment, avoir recours à l'édition de Förster, Libanii Opera, Orationes, vol. IV, Leipzig (Teubner, 1908), pp. 201-296 ; trad. anglaise de M.H. Dodgeon dans Lieu-Montserrat 1996.

[5] Voir Ménandre (cité n. 2), pp. 94 sq.

[6] Cette différence explique que, dans cet article, le discours 59 sera à lui seul aussi souvent cité que les quatre autres réunis.

[7] C'est ainsi que Libanios a pu s'adresser à Julien pour défendre un ami (Or. 14) ou sa ville (Or. 15), et très souvent à Théodose pour attaquer divers personnages (par ex. Or. 27, 28, 46) ou pour le conseiller (par ex. Or. 24, 50, 45, 19, 47).

[8] Voir S.N.C. Lieu dans Lieu-Montserrat 1996, pp. 102 sq. Néanmoins Libanios, Or. 59, 20, semble faire allusion à des panégyriques en prose et en vers mentionnant des prodiges à propos de la bataille du Pont Milvius.

[9] Or. 59, 26.

[10] Julien, Ep. 97.

[11] Voir Schouler 1984, pp. 938-939.

[12] Ainsi, le discours 59 observe-t-il un rigoureux silence sur la personne de Constantin II, qui avait attaqué son frère Constant et avait trouvé la mort pendant l'expédition.

[13] « Il corrige ce qui va dans un autre sens [que la vertu] par son silence, [...] car, chez lui, c'est le silence qui fournit la correction... », Or. 59, 122.

[14] Libanios, Or. 59, 57.

[15] Voir l'article (à paraître) de R.W. Burgess, A Summer of Blood. Lucien-Brun 1973 recensait déjà pas moins de 30 commentateurs qui s'étaient intéressés à cet événement.

[16] Or. 59, 49.

[17] Id., 94.

[18] Or. 18, 128.

[19] Bidez 1930, pp. 265-272.

[20] Les théoriciens de la rhétorique ancienne se sont souvent souciés de donner les moyens pour avoir beaucoup à dire, même avec peu de matière, comme le démontre Patillon 1997-2, p. 2109 sq.

[21] § 46.

[22] « Quand ils eurent pris en charge les régions qu'il leur avait données, ils réussirent l'épreuve au-delà de toute prière, surent tenir lieu de pères aux nations qui les recevaient, firent resplendir partout davantage la majesté de celui qui les avait délégués, tantôt déjà au fait de ce qu'ils rencontraient, grâce à l'assurance donnée par leur entraînement, tantôt acquérant par l'expérience le complément qu'il leur fallait; proches encore de l'enfance par leur âge, ils rivalisaient avec les vieillards par l'acuité de leur intelligence; ils découvraient mieux que personne ce qu'il fallait faire, mais ils ne mettaient en pratique aucune de leurs idées sans en avoir référé à leur géniteur; ils le faisaient juge des décisions qu'ils avaient prises en propre et se montraient les fidèles serviteurs de sa politique; ils possédaient un grand pouvoir mais n'usaient que très peu de leurs pouvoirs, ils dominaient les plaisirs par la tempérance et fortifiaient leur corps par les exercices, ils donnaient à leur père plus d'orgueil qu'il n'en tirait de ses trophées; ils étaient séparés de l'auteur de leurs jours par une vaste étendue de terres, mais reconnaissaient à leur père une présence dans tous leurs actes. »

[23] Or. 59, 80.

[24] Id., 21.

[25] Id., 131-132.

[26] Id., 137 sq. Il y a des indices qui laissent à penser que ce ne fut guère glorieux : voir Malosse 1999.

[27] Or. 18, 253-255.

[28] Or. 13, 5-6.

[29] Voir Pernot 1993, pp. 165 sq.

[30] 376, 21-22.

[31] Or. 18, 262.

[32] Or. 59, 102.

[33] Or. 18, 206-207.

[34] Or. 59, 77.

[35] Or. 18, 219.

[36] Or. 59, 72.

[37] Voir ce que disent de leur nature Libanios dans son discours 15, 25-26, ou Ammien Marcellin, pourtant supposé plus objectif, par exemple en XVI, 3, 2 ou en XVI, 5,16.

[38] Or. 18, 255.

[39] Or. 59, 112-113.

[40] Or. 59, 106-108.

[41] Or. 18, 240.

[42] Or. 18, 152.

[43] Or. 13, 33-34 ; 18, 95-99. Cependant, dans le discours 12, qui se place, comme nous l'avons déjà mentionné, quelques mois après le discours 13, la responsabilité de l'événement est reportée aux dieux, qui ont inspiré le mouvement de foule : « ni le soldat n'était contraint (ou : ne contraignait), ni l'Empereur ne cédait aux soldats » (§ 59). Wiemer 1995, pp. 77-94, a proposé une explication ingénieuse de cette divergence : le récit du discours 13 aurait déplu à Julien, et le sophiste aurait corrigé son interprétation dans l'éloge suivant. Quoi qu'il en soit, on voit qu'il est revenu à sa première position après la mort de l'Empereur (discours 18).

[44] Or. 18, 18.

[45] C'est la thèse, plutôt convaincante, de Petit 1950, pp. 574 sq.

[46] Or. 59, 67.

[47] § 157.

[48] Par exemple, petit 1974, p. 104.

[49] Or. 18, 137.

[50] Or. 59, 167 : chercher à deviner l'avenir leur ôterait une part de leur responsabilité dans leurs actes.

[51] Or. 59, 142.

[52] Or. 59, 74.

[53] Or. 59, 89-90.

[54] Or. 59, 132 (les Francs, dit Libanios ont demandé la paix et accepté de passer sous le contrôle de gouverneurs romains : ce n'est possible que s'ils résident à l'intérieur de l'Empire) et 136 (les autres barbares auraient été terrifiés en voyant les Francs se soumettre).

[55] Or. 59, 74-76.

[56] Or. 18, 152.

[57] Or. 59, 95-96.

[58] Or. 18, 229-230. Ammien, 24, 3, dit : cum eos (= milites) parvitate promissi percitos tumultuari sensisset (=Julien). Libanios parle de sanctions, sans préciser qu'il s'agissait d'une décimation : effacement par la désignation vague.

[59] Or. 59, 114, voir Isocrate, Pan., 92.

[60] Or. 18, 264-267.

[61] Or. 13, 38-40 ; 12, 63-68 ; 18, 111.

[62] Or. 13, 33-34 ; 12, 59-61 ; 18, 97-100.

[63] Or. 18, 100.

[64] Voir Chuvin 1990, pp. 51-52.

[65] Or. 18, 187.

[66] Or. 59, 80.

[67] Or. 59, 105-106.

[68] Or. 59, 49.

[69] Ménandre, 369, 18 - 370, 28.

[70] Voir la traduction et le commentaire de Patillon 1997-1, pp. 57-77 et 153-208 ; voir aussi Patillon 1988, pp. 57 sq. et Schouler 1990. Les termes techniques français que nous utilisons sont les traductions proposées par M. Patillon. Schouler 1984, p. 170 sq., a démontré l'influence d'Hermogène sur les déclamations de Libanios. Cette parenté explique sans doute qu'une partie de l'oeuvre de ce théoricien fût un temps attribuée au sophiste : voir Kennedy 1983, p.59.